Arrivée d’une clandestine sur l’île rebelle

Musaï Sara sortit la tête du tonneau où elle s’était embarquée pour la traversée. Les marins sortaient déjà du navire, riant un peu fort.
C’était en fin d’après midi ; le soleil allait bientôt rougir le ciel. Sara se leva, courbée pour qu’on ne la remarque pas ; elle enjamba le récipient et marcha, en canard, derrière les marchandises. Elle passa par dessus bord, s’accrochant aux cordages. Comme une araignée, elle descendit jusqu'à toucher l’eau du bout des grosses semelles de ses bottes. La jeune femme tira sur la corde, pour vérifier sa solidité. Elle poussa, fort, avec les jambes, et atterrit contre les pierres qui bordaient l’eau. Elle remonta, se trouvant maintenant au bord des quais.
*J’ai faim et soif*, songea-t-elle.
Sara avait dépensé la plupart du butin de la précédente île - butin essentiellement constitué de l’argent d’un tavernier qui volait les gens en leur rendant mal la monnaie - en nourriture, et un (tout) petit peu en vêtements, car là où elle avait séjourné, il faisait plus froid qu’à Clavinia.
La voleuse décida de prendre la nourriture, ici elle-même dans la poche d'un civil au lieu de sa méthode habituelle - piquer l’argent et acheter avec ça de quoi vivre.
Elle sortit son sabre du grand fourreau, le cachant temporairement sous sa jupe déchirée. Sara se faufila entre les dockers qui s’affairaient autour du navire. Elle croisa un intendant qui braillait, apparemment pas satisfait.
*Manger*, grommela son estomac. Sara fouilla la foule du regard : trop de marins et d’employés du port. Mieux valait d’avancer vers le centre-ville ; c’est ce que la jeune vagabonde fit.

Je regardais le manège de la jeune femme depuis une des intersections entre le quai et une des rues marchandes. Sa silhouette, que j'avais vue du coin de l’œil, avait attiré mon attention. Elle était aussi souple qu'un chat et aussi discrète qu'une souris, ce qui expliqua que les marins ne l'aperçurent même pas. L'éclat d'une lame brilla le temps d'une seconde puis fut étouffé par le voile d'une jupe. Elle semblait juger l'environnement qui l'entourait. Il ne devait pas la satisfaire car elle avança dans ma direction, sûrement pour aller rejoindre le centre-ville. Elle avait de lourdes bottes, dont le claquement rejoignait les braillements des hommes.

-Et quoi ? Tu vas faire quoi maintenant ?


Je ne savais même pas pourquoi, je lui avais lancé ces mots. Je ne comptais pas lui adresser la parole, juste regarder comment elle s'en sortait. Ce n'était pas tous les jours que l'on voyait un clandestin, seul, sortir d'un tonneau en plein jour. En général, ils poussaient la nuit, dans l'ombre de ceux qui dorment. Ça n'expliquait quand même pas mon approche. Peut-être que c'était parce que j'aimais bien son corset et que... après tout... je me sentais un peu seule.

Musaï Sara marchait dans l’ombre des bâtiments dans la rue qui était juste à côté des quais. Elle était bien trop animée à son goût. *Vite, à manger et une cachette !*
"Et quoi ? Tu vas faire quoi maintenant ?" lui lança une voix féminine.
Elle ne répondit rien et la dévisagea. Ce n’était pas prudent ! Elle rabaissa son chapeau.
"A ton avis ?" lança la jeune délinquante, méfiante.
Elle lorgnait sur la bourse de la jeune femme. On distinguait quelque chose dedans ; elle n’était pas pleine à ras bord, mais il devait en avoir dedans. *Tant pis pour le vol de nourriture*, pensa-t-elle. *On va faire avec des sous.*
La jeune femme la toisa. Qu’allait faire Sara ? La femme n’avait pas d’armes (à moins qu’elle cachât des poignards à l’intérieur des mollets de son pantalon) mais semblait apte à se défendre. *Agresser en pleine rue ? Mauvaise idée.*
Sara baissa son chapeau, amenant machinalement une mèche devant ses yeux.
Elle fit quelques pas de côté et continua sa route, furtive. Il devait bien avoir une auberge dans le coin.

-A ton avis ?


La jeune femme se cacha le visage sous son chapeau. Comportement étrange. Clavinia était la ville des nouveaux départs, de la seconde chance, c'était la ville de la liberté. Si elle venait d'arriver, elle n'avait pas à se cacher, personne ne viendrait la chercher. A moins que...

Elle se dégagea et continua sa route.

-Attends !

Je couru pour la rattraper.

-Tiens, prends ça.

Je vidai la moitié de ma bourse dans ma main et lui donnai. Il devait avoir assez pour qu'elle puisse se payer deux nuits ainsi que de quoi se nourrir.

-Bienvenue à Clavinia !


Je lui tournai les talons et retournai vers les quais. Si elle avait fait tout le trajet dans un tonneau, elle serait sûrement contente de ne pas avoir à dérober quoi que ce soit, à peine après avoir mis le pied à terre. Elle devrait faire plus attention et ne pas trop montrer qu'elle se cache, c'est suspect. Je fis un long détour avant de rentrer chez moi. Si je l'avais aidée en lui donnant de l'argent, je n'étais pas prête à lui indiquer où j'habitais. Rien ne me disait qu'elle n'aurait pas envie de me suivre et de me cambrioler. Je ne la connaissais pas après tout.

Sara fouilla la rue des yeux quand elle l’entendit à nouveau.
"Attends !"
La jeune inconnue courut vers la voleuse. *Qu’est-ce qu’elle veut ? Me narguer encore ?*
"Tiens, prends ça."
Sara s’attendait à un vieux bout de saucisson moisi, ou des pièces en bronze sans réelle valeur, mais la jeune femme en pantalon renversa un tas de pièces dorées dans sa main et lui les donna. Comme ça !
Elle était très riche ? Folle à lier ? Bien trop généreuse ? Le mélange de tout cela ? Une Sara étonnée la regardait avec des yeux ronds tandis qu’elle proclamait :
"Bienvenue à Clavinia !"
Figée, elle la regarda partir. La chapardeuse tourna les talons, reprenant ses esprits. Elle fourra l’argent dans sa bourse, et rangea mon arme. Avec habitude, elle chipa un sandwich – tranquillement posé sur une malle - à un homme. Comme il discutait avec une femme en robe, Sara tira une des trois malles dans une ruelle vide. Elle l’ouvrit : des bijoux en argent, cuivre. Même quelques-uns en or rose ! Elle vida la malle dans la bourse, et comme il en restait elle garnit l’intérieur de son chapeau. La voleuse replaça la malle ; l’homme la vit. Elle fuit dans les ruelles et monta, plus loin, sur un toit. Personne ne pouvait la trouver là – pour le moment.

Le vol du sandwich passa bien sûr inaperçu. La cohue du port aidant, ce pauvre docker n'avait qu'a mieux vérifier où il avait posé son repas.
Mais une grosse malle remplie de bijou, la novice avait eut les yeux plus gros que le ventre.

Elle s'en rendit rapidement compte quand lorsqu'elle se croyait en sécurité sur un toit, trois ombre apparurent devant elle.
L'une s'approcha et retira son capuchon. C'était un humain d'une trentaine d'année et pourtant ses cheveux ébènes étaient parsemés de blanc.

Il lui montra un air désolé, et pourtant un petit sourire ironique était à peine dissimulé sur son visage.

Avant que la petite ait eut le temps de réagir, elle était délestée de la totalité de ses possessions, sans distinction aucune.

"Vos parents vous ont très mal élevée mademoiselle, voler c'est très mal... surtout quand on est pas assez douée pour ne pas se faire remarquer..."

Il commença à jouer en faisant sauter la bourse dans sa main, conscient de sa supériorité écrasante face à la novice.

"Vous venez d'arriver, nous allons donc nous montrer magnanime et qui sait... peut être qu'une fois plus douée nous nous reverrons..."

En un clignement de paupière, les 3 ombres disparurent de la vue de la jeune fille qui se retrouvait à présent sans rien d'autre qu'un pauvre sandwich au poulet.

[HRP : Je te cite les règles concernant le fait de jouer des PNJ : "Un (ou plusieurs) personnages n'ayant pas une influence importante dans l'histoire et vous pouvez les jouer à votre guise (par exemple un marchand lambda ou une serveuse dans une taverne). Attention néanmoins à rester réaliste et à ne pas jouer le PNJ en votre faveur.
Par exemple, il est impossible que la serveuse vous offre votre consommation ou que votre marchand vous fasse une ristourne comme ça parce que vous avez une bonne tête..."
Par ta création de fiche tu es sensée avoir lu et accepter les règles, je te demande donc d'y faire plus attention.

De plus garde en tête que ton personnage pour l'instant est débutant, donc voler dans une malle qui contient autant de choses précieuses et qui est donc surement plus surveillé sans se faire remarquer (ne serait-ce que par le bruit) n'est clairement pas réalisable.
Fais plus attention la prochaine fois ]