Malles et chiffons

Des quais

Parce qu'elle seule savait où ils allaient, Morrigan marchait en tête avec Méric. Ils tenaient la malle chacun par une main marchant côte à côte. Ils eurent parfois à se faufiler entre les passants, car ils prenaient finalement un peu de place. La malle était lourde mais pas une fois la blonde ne se plaignit. En vérité sa main lui faisait mal et à l'instant où ils arrivèrent devant le magasin, elle poussa un soupir de soulagement en déposant l'énorme coffre à terre. Elle préféra ne pas regarder sa paume qu'elle supposa toute rougie par l'effort et se contenta de sortir la clé de sa boutique, tirant sur la fine cordelette qu'elle portait au cou. Encore une chose qu'elle dissimulait au mieux à la vue de tous.

Ouvrant la porte, elle invita les matelots à entrer, veillant depuis l'extérieur à ce qu'ils n'accrochent pas les montants de bois. Puis elle rentra à son tour.
" Posez ça où vous pouvez." leur indiqua-t-elle. Elle se débrouillerait ensuite pour tout ranger.
Quand ils eurent fini, elle leur sourit en les raccompagnant à la porte : " Merci pour votre aide messieurs. Venez donc me voir si vous avez quelque chose à recoudre, je vous offre la première fois pour vous remercier de m'avoir prêtée vos bras. "
Ravis de l'aubaine, les marins repartirent.
Morrigan referma la porte et s'assit sur une des malles en poussant un pff de fatigue.
" Vous voulez boire quelque chose ? Je n'ai pas grand chose encore mais deux verres et un fond de liqueur maison. De l'eau aussi. Et un bout de gâteau. " dit-elle en se massant la main.

[Clôture du rp]

Avec un beau sourire, le jeune homme avait accepté le verre d'eau proposé ainsi qu'un bout de gâteau. Qu'il était agréable de se désaltérer et de se remplir le ventre après l'effort et surtout après une traversée assez mouvementée en mer.
Mais il n'était guère resté longtemps, préférant ne pas abuser du temps de la commerçante. Malgré que celle-ci lui ait dit qu'il ne la dérangeait pas, Méric avait finalement pris congé. La blonde lui avait fait promettre de revenir la voir s'il avait besoin de quelque chose mais le temps lui fera dire qu'il avait surement quitté Clavinia car jamais il ne revint dans sa modeste boutique.

Morrigan s'attacha à ranger le contenu des trois malles qu'elle avait reçu ce jour. Les trois premières d'une longue suite, des envois de ses parents pour l'aider à son installation dans ce port "sauvage" ainsi qu'ils s'étaient alors plu à lui décrire la ville des pirates. Et pourtant elle savait qu'ils ne l'auraient pas laissé partir s'ils avaient cru un instant à la dangerosité de cette terre lointaine. Elle ne leur dit jamais quelle était l'une des spécificités de ce lieu pour ne point les inquiéter. Ils l'étaient déjà suffisamment à voir leur petite fille prendre son envol dans le vaste monde.